vendredi 14 novembre 2008

Regarde où tu mets les yeux (quand tu vas au Japon - part 2)

Au Japon, les petits chiens, les toutous roudoudous, les rhôô-qu’il-est-choux-poutchi-poutchi, c’est important.
Le mois dernier, nous explorions un magazine qui leur est consacré, aujourd’hui, faisons ensemble les boutiques, voulez-vous.
A Tôkyô, comme dans les autres grands villes de l’archipel, on achète les fidèles et réduits compagnons poilus dans des espaces de vente spécialisés en la matière. Qui ne craquerait pas devant les trois adorables frimousses du magasin Baby Doll ?

Les japonais, on le sait, sont hautement civilisés. Ce n’est pas parce qu’un animal est à poils qu’il doit rester tout nu. Là-bas, le soucis du beau vêtement concerne une large couche de la population et n’épargne pas les bestioles domestiques. Donc, après avoir fait l’acquisition de votre mignon petit chien, il faut l’habiller. Des boutiques entières de vêtements et accessoires leurs sont dédiées, où vous aurez le choix entre une large gamme de tee-shirts…

… de lunettes de soleil…

… ou d’abris d’intérieur, confortables et esthétiques, afin que votre bêbête se sente à son aise, aimée, choyée.

Il ne s’agirait pas qu’on dise de vous que vous n’offrez pas tout l’amour et toute l’attention dont votre animal a besoin pour s’épanouir. Honte à celui qui ne montrerait pas, par ces signes matériels, que le compagnon adopté est au centre de tous les intérêts !
En France, on entend parfois cette délicieuse stupidité : « Qui n’aime pas les chiens, n’aime pas les gens. » Au Japon, on va plus loin, un cran au-dessus, à l’étage supérieur. On pourrait affirmer : « Qui ne considère pas son chien comme un demi-dieu est une merde de corbeau qui ne mériterait même pas d’être écrasée par la semelle vérolée d’un clochard putride. »
Alors bien sûr, on est là, nous, avec nos traditions de coups de pied au cul des clebs, nos berger-allemands agressifs embauchés comme vigiles de pavillons, nos chiens de chasse affamés toute l’année afin d’être performants sur le terrain, nos pitbulls éduqués à grands coups de ceinturons garantis pur cuir de vache, on voit ça, on comprend pas. Alors, le Japon, ça serait à la fois des mangas trashs et des toutous à chochottes ? Parfaitement, et c’est qui en fait tout le charme.
Sachez que l’amour du chihuahua remonte à loin, qu’il est culturel, traditionnel. Il suffit pour cela de se promener dans un parc de Tôkyô et de se recueillir un instant devant la statue de « L’homme avec son chien », dont la fierté, le port et la stature son proportionnels à la petitesse, la fragilité et la disgrâce de son clébard.

Et l’on comprendra à quel point les japonais excellent dans le paradoxe, pour la plus grande joie des esprits binaires et simplistes que nous sommes. Apprenons à adorer nos chiens et peut-être, alors, atteindrons-nous une état de conscience apaisé.

C’est à peu près tout pour aujourd’hui.