Au Japon, les yeux, c’est important. Il faut savoir les poser où il faut, au risque de choquer votre entourage, ou pire, de louper quelque chose.
Commençons par ce qu’on trouve en kiosque, voulez-vous. Les magazines. Avec un sens aiguë de la clairvoyance, nos amis japonais savent donner un juste titre à une revue consacrée à l’apparence sous toutes ses formes, futilité comprise.
PQ, donc, regorge de beautés plus apprêtées les unes que les autres, qui s’exhibent comme autant de poupées dans un catalogue de jouets à la veille de Noël (chez nous). Coiffures, robes, maquillage, tout y passe, avec en point d’orgue des pages entières consacrées aux faux ongles.
Les ongles, chez les filles, c’est important. Au Japon, elle vont jusqu’à se coller des ribambelles de strasses dessus. Les ongles (faux) sont si longs qu’elles ne parviennent plus à fermer le poing. J’ai pu observer, dans le métro, une fille éclater ses ongles en voulant se rattraper, dans un malheureux réflexe, à une barre au moment d’une secousse. Beauté n’a jamais rimé avec pratique, à Tokyo encore moins qu’ailleurs.
Pour nos amis les chiens, la plupart du temps de petite taille et pouponnés à souhait, un magazine existe également, dont le titre est tout aussi lucide que le précédent.
Peiku ne s’écrit pas pareil, mais il concerne lui aussi la beauté, version canine. Il faut savoir que les nippons aiment les chiens petits, qu’ils dorlotent tous de la même manière que la pire de nos mamies branques. Nous avons donc, dans les rues des villes, des boutiques entières qui leur sont consacrées, où l’on trouve des rayonnages entiers de tee-shirts pour chiens, de maisonnettes, de lunettes, de chouchous et autres accessoires d’embellissement.
Le mini-clébard, papouillé comme une peluche, fait la joie de ces jeunes-femmes-petites-filles, qui savent si longtemps garder jeunesse.
Et pour les hommes, plus sérieux dans leur conception de la couverture, il existe un périodique nommé virilement Tarzan, dans lequel le mâle est mis en valeur. Moins de paillettes parmi les pages de celui-ci, mais vous remarquerez que nos mannequins ne sont pas asiatiques. Rassurez-vous, on y trouve tout de même jeans déchirés et de coupes mangas, qui sont les signes distinctifs les plus évidents de la jeunesse à couilles japonaise.
Comme ici, donc, à chacun son magazine. Le Japon est un éventail finement travaillé, aux milles couleurs chatoyantes, qui caresse la rétine au même titre que l’âme.
C’est à peu prêt tout pour aujourd’hui.